Commémorer la Nuit de cristal !

Il y a 70 ans, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, prenant le prétexte de l’assassinat du premier secrétaire de l’ambassade d’Allemagne à Paris par le jeune Herschel Grynszpan, Goebbels livre la population juive à une violence sans nom. Des hordes nazies incendient et pillent synagogues et maisons,  torturant et tuant tout ce qui leur tombe sous la main.

« Une haine totale, incommensurable, apparaît comme le moteur unique de l’attaque » écrit le grand historien Saul Friedländer. Désormais la course en avant est déclenchée et  le sort des Juifs européens scellé, c’est la mort qui leur est promise (ce que Hitler annoncera deux mois plus tard dans son discours du 30 janvier 1939).

               L’événement de la « Nuit de cristal » doit être commémoré, certes parce que pour ce qu’il est, il hante la conscience universelle : mais également parce qu’il ne saurait apparaître seulement comme un moment particulier d’égarement d’un pouvoir politique criminel.

Depuis le lieu où nous vivons, c’est-à-dire la paix – à peine troublée par le tumulte de ces quelques querelles de famille que nous nommons la démocratie – le confort – à peine égratigné par le spectre de la récession économique – ne faut-il pas considérer que cette horreur, elle,  est bien inhérente aux valeurs que nous cultivons et en représente comme une impossible possibilité ?

Soixante-dix ans se sont écoulés, et pendant ces soixante-dix ans ça n’a pas cessé. Plusieurs cataclysmes humanitaires, causant davantage de morts que la deuxième guerre mondiale elle-même, se sont produits, en bordure de  ce que nous appelons la civilisation. Le vingtième siècle s’est terminé avec un génocide « à la machette » au Rwanda, causant proportionnellement deux fois plus de morts qu’Auschwitz. Le vingt-et-unième s’ouvre sur un crime contre l’humanité au Darfour, et, aujourd’hui, sur d’horribles massacres au Congo.

Oui, l’événement de la Nuit de cristal doit être commémoré.

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