Convention DFCO

Mesdames et Messieurs, Messieurs les Présidents, Monsieur le Président Olivier Delcourt, Monsieur le Président de la Licra de Dijon Frédéric Richard,

Voici un an, dans ce même cadre, la Licra signait  avec le DFCO une convention de partenariat.


Nous arrivons au terme prévu de cette Convention, au moment donc où il s’agit de savoir si nous allons continuer ce qui a été commencé : stop, ou encore ?

Question de pure forme. Bien sûr, nous en étions sûrs, nous le savions déjà l’année dernière, nous continuons; c’est quasiment une reconduction par accord tacite, on ne change pas, si j’ose dire, en utilisant un vocabulaire que chacun ici connaît bien, une équipe qui gagne.

Et cette équipe, je me plais à le dire, quels qu’aient été les résultats sur le terrain, quelle que soit la glorieuse incertitude du sport, gagne quant à l’essentiel, parce qu’elle gagne sur le terrain des valeurs.

Car, oui, nous étions partis pour des valeurs (?), notre Convention avait ce sens là, promouvoir les valeurs, et c’est ce que nous avons, au cours de l’année écoulée, voulu  faire. Nous l’avons voulu, et nous l’avons fait, ou plutôt le DFCO nous a permis de le faire, en manifestant chaque fois que l’occasion en a donné l’occasion, la présence de la Licra, et par là même le souci qui était le sien de ce qu’on appelle communément les valeurs du sport : courage, abnégation, capacité de donner le meilleur de soi-même, respect de l’adversaire. Offrir sur le rectangle magique que constitue le terrain de football une image de l’humanité telle qu’elle aime à se reconnaître.

Je le comprends comme ça : lorsque le ballon franchit la ligne de but, que toute une foule, que le peuple de Dijon se lève en criant « y est », ce y – y est – lieu absolu, ne compense-t-il pas tout ce qui fait défaut dans l’ordinaire de la vie quotidienne,  tous nos renoncements, nos faiblesses.  A l’instant du but, quand dans le prolongement d’un geste sublime le ballon rentre dans la cage – y est – nous rencontrons, par la grâce de ces hommes merveilleux, le rêve impossible qui nous donne à vivre.

Du moins est-ce comme cela que ça devrait être, le jeu devrait se poursuivre sans l’interférence de la médiocrité, et comme pure exaltation des valeurs. Pur, sans mauvais gestes, sans mauvais mots, sans mauvaises pensées. Pure incarnation de ce que chacun se rêve, quand il rêve à une vie qui serait pleine de sens.

          Mais en même temps nous savons tous  que, quels que soient la puissance onirique du jeu et l’enthousiasme des supporters, ça n’est jamais tout à fait comme ça, que la vie quotidienne réclame ses droits, qu’il y a sur le terrain, autour du terrain, des propos et des gestes, et que personne ne peut s’élever complètement à la hauteur du rêve. Nous savons tout cela et la désillusion est d’autant plus grande que nous, supporters, ou simples spectateurs, même occasionnels, quand bien même nous ferions mine de ne pas nous intéresser au foot, y croyons tout de même un peu, un peu beaucoup, un peu passionnément. Car la vraie définition du foot est là, le football c’est la société qui s’élève à la hauteur de son rêve.

          Oui mais voilà, encore une fois voilà. Voilà, le quotidien. Comment des joueurs, qui sont des jeunes gens, plongés dans le tourbillon, exposés à tout, pourraient-ils résister (et cependant beaucoup  résistent, et c’est admirable). Il faut d’autant plus rendre visibles les repères, il faut d’autant plus souligner les valeurs.

Or, justement, aujourd’hui, Président Delcourt, il est question ici, à l’occasion de ce match, de l’arbitrage : moi je comprends que  nous parlons de  cet homme solitaire et courageux, l’arbitre, qui sur le terrain incarne les règles, et davantage que les règles, un état d’esprit, des repères, une morale. Certes, c’est tout cela un arbitre. Et je ne vais pas me substituer à ceux qui sont bien plus à même que moi de le dire.

Pourtant qu’on me permette de saisir ici l’occasion et de  focaliser encore une fois  sur les valeurs, de me référer sous cet angle  à notre convention, cette convention que  nous allons reconduire aujourd’hui. Elle signifie (et l’arbitre avec ce qu’il représente en est je crois un témoin privilégié)  que le foot doit continuer à être, à être  ce qu’il doit être et ce qu’il est, ce que Goethe appelait « le reflet coloré de la vie », sans quoi, tout simplement, il n’y aurait pas de vie.

Qu’on me permette de rajouter un paragraphe à tout ceci, un paragraphe pour rejoindre une certaine actualité. Représentant aujourd’hui non seulement la Licra de Dijon mais encore la Licra nationale, je voudrais faire état, donc, au moment où vous-même et le président Frédéric Richard allez apposer votre signature à chaque page de notre convention, d’une demande. Une demande de la Licra au DFCO, au monde du football, au monde du sport.

Il y a de plus en plus aujourd’hui de mauvaises choses qui s’installent, des propos qui circulent, partout, immaîtrisés, calamiteux, mortifères, horribles, des propos racistes, des propos antisémites.

Contre ces propos la Licra voudrait conduire chacun à une prise de conscience, et c’est là que le monde du sport serait d’un appui extraordinaire. Nous avons vécu cela l’année dernière, lorsque deux joueurs du DFCO sont venus porter la bonne parole au Castel. Cette parole était bien la bonne parole, il s’agissait des valeurs du respect, de tout ce qu’incarne le sport.

Mais, j’ai pu le constater, cette parole a pris un retentissement fabuleux, parce qu’elle était portée et incarnée par ceux qu’il fallait, les mots dans leur bouche prenaient exactement la consistance d’un sens qui dans d’autres bouches et dans la vie quotidienne n’est que plat et banalisé.

Alors voilà notre demande :

Que les sportifs nous aident, c’est-à-dire qu’ils aident non la Licra (la Licra en l’occurrence ce n’est pas très important, sinon par le symbole qu’elle représente) mais la société tout entière, qui face aux dangers nouveaux qui se lèvent a besoin de ce message fort et de ces messagers prestigieux.

Que des joueurs, des sportifs admirés pour ce qu’ils incarnent viennent traduire devant des élèves, devant des jeunes, les messages dont nous avons tant besoin. En l’occurrence que l’antisémitisme, l’islamophobie sont l’incarnation d’un même fléau, le racisme. Qu’ils viennent le dire aussi souvent que possible, partout où l’occasion nous en sera donnée.

Le sens de la Convention est encore celui-ci : la Licra a besoin du sport, au sens exact où la société a besoin du sport : pour porter un message qui sans vous, président, sans ce que représente le DFCO, risquerait de ne pas être entendu.

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