La présence annoncée de Dieudonné à Dijon crée débat. D’aucuns – qui ne se disent pas toujours à l’extrême-droite – s’en félicitent, au nom de la liberté d’expression. Mais quelle liberté d’expression ? Celle de faire venir sur scène M. Faurisson et de lui décerner un « prix » remis par un comparse costumé en déporté ? Cette  mascarade pitoyable en vient pourtant à être considérée comme la preuve que Dieudonné ose tout, rit de tout : les mêmes pourtant  s’indignent des caricatures religieuses et poussent ici un soupir de soulagement en se sentant libérés de « la pensée unique ». Mais la « pensée unique », c’est en l’occurrence cette  vérité, simple et terriblement prosaïque : oui les nazis ont assassiné dans leurs camps six millions de personnes, et oui encore ces personnes étaient des Tziganes, des résistants, des adversaires politiques, des prisonniers russes, des homosexuels – mais, oui, à nouveau, les victimes étaient dans leur écrasante majorité des Juifs. Des philosophes, des sociologues (des psychiatres plutôt) pourront peut-être expliquer pourquoi Dieudonné suscite tellement d’intérêt. Quant à moi, ce que je constate, et que je voudrais simplement affirmer  ici, c’est que la liberté d’expression est un droit sacré, que je ne contesterai à personne, et surtout pas à mes adversaires. Mais elle ne se confond pas et ne doit pas se confondre avec le pur et simple mensonge. Or, par exemple, lorsque dernièrement la société de Dieudonné, ou son avocat, annoncent qu’ils bénéficieront de la présence (et donc de la caution) d’Edgar Morin, ils mentent, Edgar Morin venant de me téléphoner pour me confirmer ce dont je n’avais jamais douté : il n’a jamais été contacté, et n’aurait jamais consenti, à se produire aux côtés de Dieudonné.