Qu’avons-nous à transmettre alors que la civilisation dans ce qu’elle a eu de plus brillant a dû faire l’épreuve, avec l’extermination, de son inanité , alors qu’en dépit des « plus jamais ça » le présent est, peut-être irrémédiablement, confronté au nihilisme et à la possible récurrence du pire ?
Appelons fidélité la façon pour l’humanité d’affronter le vide et d’espérer un sens.
La question est celle-ci : disposons-nous aujourd’hui, dans la nouvelle dialectique de la mémoire et de la transmission, des éléments pour être fidèles ?
Il fallait alors retourner à des noms et des thèmes bien connus, et d’une certaine façon les redécouvrir, à l’aune de celui du vide auquel ils sont affrontés. Nous en avons, dans ce dossier, repris quelques-uns : bien évidemment la shoah. Ou encore, pour aller au plus familier, la figure tellement rassurante de Pierre-Bloch, mais dont il s’agit ici de dire qu’il ne fut jamais cette âme habituée fustigée par Péguy, qu’il ne s’habitua jamais.
Et puis abordant des champs plutôt inédits à la Licra, nous avons voulu nous interroger, évoquant Ellis Island, sur les migrants.
Et encore le théâtre, dont on n’a pas assez fait valoir jusqu’ici qu’il a la puissance de redistribuer les figures du vide contemporain, mettant ainsi en perspective tous les thèmes de la Licra
Et puis (ce n’est ici que la poursuite d’un travail sur le long terme et qui montera en puissance) nous avons choisi d’évoquer dans ce dossier l’extermination des Tutsi.
Et encore le cyberracisme, modalité par excellence du danger contemporain, nous interpellant chaque jour davantage, et où dans une violence potentielle terrifiante s’efface la différence entre réel et virtuel. Ce dossier bien sûr ne saurait prétendre à l’exhaustivité.
Nous espérons néanmoins qu’il sera, tel qu’il est, éloquent, assez pour illustrer la nature du défi auquel nous sommes confrontés et de que nous essayons de configurer à travers lui.