L’arrestation de Mehdi Nemmouche pose des questions angoissantes et nouvelles à notre société. Pour la troisième fois, après Fofana, après Mehra, voilà donc à nouveau un jeune Français, aveuglé par une propagande haineuse, qui tue des êtres humains pour ce qu’il imagine qu’ils sont. Cet acte, qu’on aimerait pouvoir renvoyer au fanatisme d’un homme isolé, arrive cependant au bout d’un discours de plus en plus répandu. Il vise (comme toujours le terrorisme) à créer des situations irréversibles, à prendre en otage toute une population pour un crime commis au nom de l’Islam, et qui se trouve donc exposée à devoir assumer tacitement une responsabilité qui n’est ni la sienne, ni celle de l’Islam. Il facilite de surcroît la montée de l’extrémisme et du racisme.
Face à cette constellation de dangers effrayants on souhaite certes une réponse d’Etat, mais ne faut-il pas également une réponse morale ? Ne faut-il pas aujourd’hui affirmer haut et fort que la lutte contre l’antisémitisme est une priorité pour tous et pour chacun, que le niveau élevé de morale et de spiritualité que véhiculent dans ce qu’elles ont de meilleur les Religions du Livre (Judaïsme, Christianisme et Islam mêlés) exige que soit condamné l’antisémitisme comme cette barbarie extrême de notre histoire commune. Je voudrais pour ma part le proclamer, en tant que responsable local de la Licra, de culture musulmane de surcroît, et je souhaite ardemment que les responsables musulmans se fassent aujourd’hui entendre et déclarent solennellement que l’acte imputé à Mehdi Nemmouche est aux antipodes de l’Islam et ne peut qu’être rejeté avec horreur par tout Musulman.
Abderrahim Mozher