Résister, ça se conjugue au présent

           Raymond Aubrac est donc mort ce mardi 10 avril 2012, cinq ans après son épouse Lucie. Il a mené une longue vie, remplie, exemplaire, qui nous est proche à bien des égards : parce qu’elle se déroula en son début dans notre région, son père possédant un magasin à Dijon ; parce qu’il accueillit la Licra de Dijon (dont bien sûr il partageait la lutte contre le racisme) lors d’un séjour avec son épouse dans notre ville au début des années 2000.

Parce que surtout – ce que chacun sait – il fut avec Lucie, dès le début de la guerre, un résistant de légende, mêlé à des épisodes décisifs, et qu’après la guerre, il ne démentit jamais son combat, refusant en dépit d’un engagement très à gauche, de cautionner ce qu’il perçut dès le début des années cinquante, après les procès de Prague, comme la terreur stalinienne.

Une telle vie, si remplie, si agitée, suscite des désaccords, des critiques : il y en eut.

Mais personne ne saurait contester, ni n’a contesté, le caractère désintéressé de l’engagement, son courage exceptionnel et sa générosité sans mesure.

Pour la Licra Raymond Aubrac et son épouse ont été et resteront des références indépassables, comme ils l’ont sans doute été pour les jeunes qu’ils rencontraient si volontiers dans les écoles pour, alors même qu’ils étaient sollicités sur le passé glorieux de la résistance, protestaient en disant : « mais non, mais pas du tout : résister, c’est maintenant, résister ça se conjugue au présent ». 

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