La collection Que sais-je vient-elle d’enrichir la bibliothèque mondiale du négationnisme ?

1490150371_9782130748731_v100La collection Que sais-je vient-elle d’enrichir la bibliothèque mondiale du négationnisme ?

La tribune ci-jointe publiée dans Le Monde.fr du 25/9/2017 donne à le penser. http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/09/25/rwanda-le-que-sais-je-qui-fait-basculer-l-histoire_5190733_3232.html

L’auteur de ce Que sais-je ? sur le Rwanda Filip Reyntjens n’est pas un inconnu. C’est un constitutionnaliste belge, qui a participé de 1976 à 1978 à l’élaboration de la « constitution rwandaise », c’est-à-dire à l’élaboration de la constitution d’un régime où le racisme était institutionnel. Il est (précise wikipédia) considéré comme « le père constitutionnel » de la politique des quotas ethniques au Rwanda.

(On aurait pu dans le même esprit demander à un constitutionnaliste, contributeur à l’élaboration du statut des juifs en 1940, d’écrire un Que sais-je sur la politique de Vichy – mais au fait on l’a fait, Maurice Duverger, en son temps spécialiste des questions de droit au Monde s’étant plié à ce type d’exercice).

Le 21 septembre Filip Reyntjens a été l’hôte de la Fondation Jean Jaurès (je rappelle que cette fondation, proche du PS se propose de promouvoir les idéaux sociaux et humanistes associés au nom de Jean Jaurès). Jean-François Dupaquier, l’un des chercheurs français très importants sur le génocide, était là ; de son propre aveu, il a été traîné dans la boue et n’a pu s’exprimer.

On peut se demander pourquoi la Fondation invite dans de telles conditions un homme qui a été ouvertement associé à la mise en place du régime génocidaire, qui lui a fourni son armature juridique, et dont rien ne permet de croire que son activité puisse servir l’esprit de l’oeuvre de Jaurès..

On peut se demander encore davantage ce que signifie que les Presses universitaires de France cautionnent aujourd’hui un livre dont la communauté des chercheurs (au moins les signataires de la tribune du Monde) considèrent qu’il trahit gravement la probité de la recherche.

Et nous, militants de la Licra, ne devons-nous pas nous alarmer et considérer que l’entreprise des « assassins de la mémoire » est plus que jamais à l’oeuvre (cf aussi, de façon plus dérisoire, les facéties récentes de M. Mélenchon sur le nazisme ou sur la guerre d’Algérie).  » Negationism is again on the move », comme aurait pu dire Toynbee « History is again on the move « 

J’ai eu une conversation intéressante avec Jean-François Dupaquier qui par un scrupule intellectuel qui l’honore, ne s’est pas joint aux signataires de la tribune, considérant que l’histoire devait être l’objet de recherche, et non de tribunes ou de pétitions. Qu’il y ait un sens à ignorer ceux dont les déclarations déshonorent le métier d’historien, comment ne pas le comprendre. Néanmoins ceux-là cheminent, poussent leurs feux.

C’est pourquoi au risque d’attirer la lumière sur eux, nous militants nous nous demandons sans cesse s’il ne faut pas, quoi qu’il en soit, les combattre : intellectuellement, et éventuellement devant les tribunaux ?

Il n’y a sans doute, devant ce mal de la mémoire, que de mauvaises solutions.
A.D

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