Je viens de regarder le film de Christophe Cotteret auquel nous renvoient Aymeric Givord et Maria Malagardis, et je suis sous le choc : film très informé, très méticuleux, il retrace avec sobriété – pour autant qu’on puisse être sobre à propos d’un génocide – la genèse et le déroulé des événements, donne à apercevoir ce qu’on ne peut pas voir, à comprendre ce qui défie la compréhension.
Et surtout il met en évidence que ces événements qui se passent au coeur de l’Afrique – au coeur des ténèbres disait Joseph Conrad au tout début du XXème siècle – nous touchent au plus près., qu’ils sont nous-mêmes. L’événement qui a eu lieu n’aurait jamais dû se produire, et il s’est produit, et il projette devant nous, peuples du monde, avec sa lumière sombre, l’impossible méconnu à l’ombre de quoi nous vivons.
Mais plus encore la survie de ce pays ressuscité qu’est le Rwanda d’aujourd’hui est (j’utilise à dessein le mot employé à propos d’Israël) un miracle : pays qui aujourd’hui vit « à flux tendu », tenu à bout de bras par un personnage hors normes, pays prêt à basculer à chaque instant dans l’abîme ouvert il y a vingt ans et qui ne cesse de hanter le présent .
Nous, peuples anciens, installés dans la routine de nos existence, pris par le sac à dos social ou indignés par la limitation à 80km/heure, ignorons que l’abîme est ouvert ; à tort peut-être, car – et les graves événements qui nous parviennent, entre la rumeur et le fait divers, devraient nous tenir en garde : l’apocalypse est potentiellement là.
A celle du Rwanda, le film le laisse entendre discrètement, le monde, la France en particulier, furent mêlés, le génocide est désormais notre histoire.
Alain David
A voir sur le lien suivant !